HONNEUR, RESPECT, DIGNE FEMME HAITIENNE

Marjory Michel symboliserait la femme haïtienne !  Kite’m ri !

 

La femme haïtienne digne ne manque pas de figures de référence. Mais aucune d’elles ne ressemble à l’imposture qu’est Marjory Michel !  Pour prétendre au prototype, il faut travailler dur comme une Madan Sara exposée sur la « capote » de nos camions; bourriquer comme la marchande de rue tenant un parasol la journée longue; s’éreinter comme la maman analphabète pour éduquer seule son enfant; être debout de longues heures comme nos braves servantes dans des tâches éreintantes dans les ménages, pour gagner dignement leur vie; s’exposer comme nos infirmières à toutes les contaminations dans nos hôpitaux et centres de santé pour une pitance touchée avec retard; affronter comme nos lessivières d’immenses cuvettes de lessive dans les galettes de nos rivières, sous notre chaud soleil  « batwèl nan men » pour gagner à la sueur de leur front, leur pain quotidien; ressembler à la marchande ambulante qui arpente nos rues dangereuses cuvette remplie sur la tête, convoitise des bandits, des voleurs qui pullulent nos corridors, proie facile pour les violeurs lâches et veules; digne comme la marchande de « manje kwuit bann a pye »; stoïque comme nos maitresses d’école tolérantes et compréhensives devant des classes d’élèves turbulents; résilientes comme nos marchandes qui alimentent le commerce binational, victimes de toutes les discriminations et des abus des militaires du pays voisin; braves comme les marchandes de la Croix-des-Bossales, du Marché Salomon, du Marché Hyppolite, du Marché Tèt Bèf, du Marché sou Guérite, sites privilégiés des incendiaires téléguidés par des mains politiques. Et ces braves marchandes, victimes incessantes d’incendies criminels et d’extorsions de tous les bandits et gangs qui infestent tous ces marchés de La Saline au Marché aux poissons de Martissant et toujours prêtes à recommencer sans avoir aucune garantie que demain, les incendiaires ne reviendront pas récidiver et créer la même désolation.

 

Et qu’aurions-nous fait sans l’existence de ces braves ouvrières des usines d’assemblage qui, les jours de grève du transport public, avalent à pied la distance entre Carrefour, d’autres adresses éloignées et le Parc Industriel, pour permettre à ces entreprises d’honorer leurs contrats dans un secteur frileux qui se délocalise au premier « kouri » ?  Honneur à ces femmes professionnelles d’ONG haïtiennes qui encadrent ces ouvrières pour les alphabétiser, les sensibiliser sur les maladies sexuellement transmissibles, leur offrir des soins gynécologiques tout en leur donnant les notions de base du droit du travail pour qu’elles connaissent leurs bons droits et les revendiquer, le cas échéant, à travers leurs syndicats.

 

Traversez le territoire haïtien, allez au marché de Saint-Raphaël ; de Hinche ; de l’Arcahaie ; de Cabaret ; de Petit Bourg de Borgne ; au Marché de Jérémie ; au Marché de bétail de Ducis ; dans les dépendances des Cayes ; au Marché Hyppolite au Cap-Haïtien ; au marché de Pierre Payen ; à l’interminable marché de Pont Sondé ou au Marché de Lestère ; au marché de Gressier ; à celui de Carrefour Dufort, au marché de l’Étang de Miragoâne ; au marché de Fonds-des-Nègres, comme à celui de Marigot qui occupe toute la route où se brassent des transactions millionnaires au quotidien, pour dresser le portrait de ces femmes haïtiennes dignes.

 

Que dire des étals des marchandes de fritures, des marchandes de lalo, du bon griot et de toutes sortes de mets délicieux quand on fait le stop à Montrouis, à Bigot aux Gonaïves? Toutes les Ayayay des Gonaïves et d’autres endroits du pays. Ces vaillantes marchandes de fruits, blanchies sous le harnais depuis la Rue Darguin en face de l’ancien Super Marché de Madame Rigaud, jusqu’au marché aux fruits de la Rue Ogé, les défuntes Marie-Michelle, Rose et autres, celles qui continuent encore, les Marlène, Loune et nos autres «pratik», Jacqueline, Frantzcia, Nounoune des rues de Pétion-Ville et ailleurs en ville, à la Rue Bois Patate au Canapé-Vert. Ces marchandes de la Croix-des-Bouquets aujourd’hui sur le qui-vive à cause des bandits qui y font la loi ; nos marchandes de volailles du haut du Morne Puilboreau au carrefour Marmelade du temps où l’on pouvait circuler en toute sécurité sur nos routes nationales. Toutes ces cultivatrices de tomate « Ti Jocelyne », d’aubergine à Au Poteau et à Mapou avant Passe-Reine, les marchandes des marchés du Nord-Ouest, de Port-de-Paix, Saint-Louis du Nord, Anse-à-Foleur jusqu’au Môle Saint Nicolas. Cette armée de commerçantes piliers de notre économie informelle et formelle, celles-là, elles ne harcèlent personne. Elles ne connaissent pas les cortèges à sirènes qui nous stressent, ni les chèques de Consultantes sinécures, ni les avantages des cartes de débit ad libitum, ne disposent pas de carnets de gazoline, ni ne passent  leurs journées dans des bureaux climatisés sur leurs smartphones qui ont détrôné les mots croisés, investissant les réseaux sociaux, envahissant les « live » des émissions à large spectre, traquant les animatrices et les animateurs, croisant le fer avec les « followers » déplaisants. Ces braves héroïnes qui résistent malgré vents et tempêtes aux aléas compliqués de la vie en Haïti n’ont pas les avantages du pouvoir sans résultat, du pouvoir-jouissance… Les plus entreprenantes parviennent à voyager avec dans leurs valises et sur leurs cartes de crédit des montants importants qui ne sortent pas du Trésor public, pour s’approvisionner à Panama, à Curaçao, elles vont aujourd’hui jusqu’en Chine, à la sueur de leur front. Avec audace et intelligence, véritables génies au sens poussé du business, elles créent des consortiums avec d’autres marchandes pour lesquelles elles achètent également, ramenant le tout dans des conteneurs bondés d’articles divers. Elles sont autonomes et n’ont pas forcément accès au crédit bancaire, mais, elles s’organisent dans leur propre système qui roule et qui fonctionne. Mais elles ne sont pas celles qui ont accès aux chambres d’hôtels de luxe à l’étranger « sou do pèp la », à travers les largesses de l’État indigent, mais en même temps généreux en gâteries, en per diem et en cartes de crédit richement approvisionnées. Autant d’avantages et de privilèges issus de la mamelle de cet État nourricier « ki konn bay men ki pa konn separe », qui oublie la grande majorité abandonnée à son sort, laissée-pour-compte, mais qui, d’autre part, engraisse jusqu’à l’embonpoint de la double panse, celles qui le noyautent et qui le privatisent, affichant une évidente opulence, indice d’un appétit gargantuesque, insatiables, gloutonnes certifiées par l’Association « Pote Kòd pou Mare Gran Manjè ak Gran Manjèz ». Vous vous souvenez des militants Lavalas qui accusaient après le « retour à l’ordre constitutionnel»  en 1994, les dirigeants qui s’appropriaient tout, sans lâcher un os? « Gran Manjè », immortalisé, dans un morceau de carnaval succulent, par Samba Kessy et Koudjay qui nous manquent…

 

Alors que ces officielles qui ne disent pas leurs noms «  ap dekoupe kopyèz » pour reprendre Maurice Sixto, les vrais prototypes de la femme haïtienne digne et respectable, transpirent à chaque minute qui s’écoule, pour se faire un petit bénéfice, exposées à l’avidité des bandits qui guettent la plus prochaine occasion de les dépouiller et de leurs provisions et de leur dignité, dans des viols collectifs…  Les représentantes authentiques, de la femme haïtienne, parmi elles, nos braves consœurs de la presse qui s’exposent tous les jours au danger pour informer valablement l’opinion publique des laideurs de nos hommes et de nos femmes politiques qui se donnent en spectacle pas toujours honorable dans les arcanes de l’État, repues de privilèges qui les font enrager à vouloir mordre tout le monde, quand la mamelle de l’État s’éloigne de leur bouche de carnivores avides, rendant responsable, la presse qui ne fait que restituer leur laide vérité.

 

Honneur et Respect pour cette image de la femme haïtienne martyre tombée en plein service au champ d’honneur au Commissariat de Bon Repos lançant un SOS, un appel au secours ignoré pas ses supérieurs. Cette brave policière assiégée et flairant l’odeur de la mort qui approchait à grands pas, portée par des bandits qui n’ont laissé, ni à elle ni à ses collègues, aucune chance de survie.

 

La femme haïtienne digne, ce sont les braves secrétaires qui font tourner les bureaux de l’État comme les administrations du secteur privé en s’assurant que cela roule et qu’aucun grain de sable n’entrave la machine. Ce sont ces recherchistes des Archives Nationales ou des services de l’Immigration ou des Greffes de la République, ces assistantes des bureaux des Ministres qui sont les premières arrivées, les dernières à partir avec des horaires indéfiniment élastiques pour un minimum d’efficacité des services publics. Comment oublier ces femmes de ménage qui maintiennent propres et agréables les bureaux de l’État, ceux des entreprises publiques autonomes ainsi que les espaces des bureaux du secteur privé, qui servent le café, le thé, l’eau, entretiennent les toilettes malmenées pour les rendre fréquentables… Les femmes haïtiennes dignes, ce sont celles-là qui font tourner notre économie, ces jeunes femmes qui dominent le service à la clientèle des banques, les premières qui, ces temps-ci, avec les caissières et les caissiers, reçoivent les invectives de clients furieux de ne pas pouvoir trouver la quantité de dollars sollicités. Ce sont ces directrices de succursales, pauvres amies, boucs émissaires des Directions des banques qui doivent boire tous les jours les injures et insultes de clients frustrés à bon droit…

 

Les bons modèles et prototypes de référence de la femme haïtienne digne, ce sont celles que nous considérons comme des exilés internes. Ces bonnes, ces femmes de ménage qui laissent leurs enfants avec leurs parents à Camp Perrin, dans toute la Grand ’Anse, dans les villes du Sud-Est, du Grand Nord, du Plateau Central, du Grand Sud, pour venir s’occuper de nos enfants, nous permettant d’aller travailler, passant toute la semaine loin de leur conjoint pour prendre en charge nos foyers, cuisiner, faire la lessive et autres tâches ménagères sans recevoir de nous la due reconnaissance… Ce sont aussi ces marchandes de légumes aux paniers débordants, portés sur la tête, amortis par des « tòkèt », parties à pied de Furcy, de Kenscoff et d’ailleurs, pour approvisionner les marchés à des dizaines de kilomètres de leurs villages. Pensée spéciale pour ces petites « restavek » qui font les corvées quotidiennes dans un environnement déconstruit, parties à la quête de l’eau, loin, à des kilomètres à la ronde, ou exposées aux bagarres dans les fontaines publiques pour rapporter le précieux liquide à la maison qui sait être un milieu rempli d’épreuves dans un contexte d’exploitation et d’abus de toutes sortes… Les « restavek », une survivance de l’esclavage dont notre société aurait dû avoir honte et de laquelle, nous aurions dû nous défaire depuis très longtemps… Donnons-nous ce défi !

 

Admiration aussi pour ces infatigables esthéticiennes de nos studios de beauté ou travaillant à leur propre compte, se rendant disponibles pour des services sur place, dans les résidences, pour permettre à nos femmes, à nos filles de se refaire une beauté, se maintenir le moral ou pour entretenir une tradition d’élégance, ne pas baisser la garde pour continuer de mériter les compliments qui flattent, attirer des regards remplis de désirs et d’envie…

 

Toutes ces figures de prestige de la femme haïtienne, ces grandes exécutives des,  principaux départements de la BRH, de la BNC et des banques privées, des Conseils d’administration des entreprises tant privées que publiques, ces Magistrates prestigieuses qui siègent à la Présidence de nos Cours et dans d’autres postes de la Magistrature, dans nos Barreaux, ces grandes dames professeures dans nos Universités, ces grandes figures des firmes comptables qui auditent les comptes des entreprises tant privées que publiques, d’autres qui siègent à la Cour des Comptes et ces figures respectables, ces modèles à montrer qui ont laissé leur marque dans la fonction publique et dans des institutions indépendantes, ces échantillons rares du genre féminin qui ont fait l’histoire pour avoir été la première femme à la Cour de Cassation, à la Présidence, à la Primature, à la Faculté de Médecine et celles qui ont suivi et qui s’imposent aujourd’hui comme figures de marque de prestigieuses institutions nationales et d’ONG internationales. Comment ne pas mentionner ces Doyennes de nos Universités et Facultés, ces chercheuses et technologistes qui font tourner nos laboratoires pour alimenter les diagnostics de nos médecins hommes et femmes. La femme haïtienne de prestige renvoie à ces leaders féministes défuntes et vivantes, les authentiques, pas les « woulibèz », qui ont changé le regard de notre société sur le rôle de la femme et qui ont réussi à faire criminaliser le viol et à rendre la paternité responsable, sans parler du quota que la Constitution impose dans le champ politique, en attendant d’obtenir une totale parité avec les hommes.

 

S’il y a un secteur en Haïti dominé presqu’exclusivement par des visages de femmes de référence, c’est celui de la publicité. Les agences de publicité pionnières dans le domaine ont façonné le produit publicitaire, les messages destinés au grand public, portés par les médias. Ces véritables magiciennes de la pub ont maintenu en Haïti, une réalité de chasse gardée, «gason pa pwoche» pendant plusieurs décennies. Elles ont maintenu leur domination jusqu’à l’âge de la retraite et la disparition graduelle, sur la pointe, des pieds des agences, affectées d’ailleurs, tout comme les médias aujourd’hui à bout de souffle, par la nouvelle réalité des médias sociaux. Ces grandes dames des agences de publicité ont nourri les médias pendant toutes ces années. Les pionnières ont fait des émules également du même genre, comme pour consacrer un legs féminin. Honneur et Reconnaissance, Mesdames! Ces années du boom publicitaire font énormément défaut!

 

Chapeau et hommage à nos créatrices « designer », à nos superbes modèles qui font honneur de notre pays aux concours internationaux de beauté, à ces belles vedettes dont les voix charment nos oreilles tous les jours à la radio en solo ou dans des duos explosifs montrés dans des vidéos qui récoltent des milliers de « views », expression de leur succès. A toutes ces grandes dames, figures marquantes qui donnent leur expertise et toute leur mesure dans tous les domaines de la vie sociale, culturelle, artistique, culinaire, gastronomique, économique et politique de notre pays et qui effectuent un travail irremplaçable, loin des intrigues de palais, de Cabinet du Premier ministre et de Ministres.

 

Elles ne ressemblent en rien aux âmes damnées et aux mauvais génies du pouvoir qui causent la perte de nos dirigeants dont ils ne voient pas venir le danger qui les expulse hors de l’espace de pouvoir, « Deyò Deyò Nèt » « DDN », engoncées dans leurs intrigues, préoccupées seulement à s’empiffrer, insatiables de pouvoir, « aloufa » de leur état…

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